« Comme tant d’autres écrivains avant lui, Martin Walser avait entrepris de démasquer le critique Reich-Ranicki. Mais qu’a fait Walser ? Il a une fois de plus gravement terni sa réputation (avec probablement des conséquences à long terme) et Reich-Ranicki se porte mieux que jamais. De toute façon, chaque polémique et chaque parodie semblent ne faire qu’accroître la popularité de Reich-Ranicki. Les disputes littéraires à la Handke, surtout, dans lesquelles règne une furie de règlements de comptes effrénés, ne peuvent atteindre Reich-Ranicki. Elles attirent plutôt le regard sur l’état d’esprit de celui qui couve et pond de telles inepties. Dans ce contexte, la retenue d’Uwe Johnson prend une nouvelle valeur, elle apparaît comme la stratégie la plus intelligente, voire la plus efficace. Il y a plus de trente ans, Rolf Hochhuth faisait déjà remarquer : « L’homicide est en littérature le délit le plus souvent tenté, mais le plus rarement réussi. En revanche, le silence de mort est terriblement efficace. » Enfin, en ce qui concerne la position de Reich-Ranicki en tant que pape de la critique, on peut dire avec Pierre Bourdieu : « Tout à fait dans l’esprit de la loi selon laquelle seuls les croyants peuvent être convaincus, un critique n’a d’influence sur ses lecteurs que dans la mesure où ils lui accordent cette influence, parce qu’ils sont structurellement d’accord avec lui dans leur vision de la société, leurs goûts et tout leur habitus. »

Uwe Neumann, Deckname Marcel, Uwe Johnson und Marcel Reich-Ranicki, dans Johnson-Jahrbuch, volume 10/2003


Je lis tout de même des choses passionnantes.


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