Voznessenski


Vous arrivez, vous débarquez, vous naissez. On vous agrippe, on vous met dans le bain, le bain de langage, bien langé. On vous met au courant. Si vous en devenez curieux, ce n’est pas le cas toujours, et certains sont vite castrés de cette curiosité dite maladive, vous mettrez les doigts dans les prises. Trente années de mise au courant ne suffisent même pas, dans certains cas, et pour certaines spécialités. Il y a des électriciens très incompétents comme des poètes complètement nuls qui à soixante-dix ans n’y connaissent vraiment pas grand-chose à leur dit « domaine ». On voit cela aux notes. Certains livres sont annotés. Les notes permettent d’évaluer le niveau de mise au courant des lecteurs. J’ai trouvé ce matin dans un livre publié chez Grasset en 1990, Boîte noire, d’Andrei Voznessenski, traduit par Christine Lutz et adapté par Alain Bosquet, une note au nom de Khlebnikov. Elle signifie la méconnaissance du lecteur. Le lecteur de 1990 n’est pas censé connaître Khlebnikov. Aujourd’hui Khlebnikov est connu. Il est si connu que je lis partout qu’il n’a pas été lu. À vrai dire je ne sais pas ce que signifie « être au courant ». Ce n’est pas grand-chose, très certainement.


Khlebnikov


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