Ceci n’est toujours pas un titre.
Quant à Poil de Carotte, il est spécialement chargé d’achever les animaux blessés. Il doit ce privilège à la dureté bien connue de son cœur aride.
Renard.
Enfant, Wandern était féroce. On lui confiait à la ferme le soin de tuer les portées de chatons qui étaient en surnombre dans les greniers à grain. Il chassait avec d’autres les garennes qui fuyaient la coupe de la moissonneuse-lieuse et abattait les estropiés à coups de bâton. Il jetait les poules au milieu du flot où s’abreuvaient les chevaux, afin de vérifier qu’elles ne savaient pas nager. Il vit que c’était faux. Il étouffait les jeunes ramiers dénichés au bois.
Il était bourreau, délégué dans ses œuvres par l’ensemble des adultes de la famille. Deux d’entre-eux présidaient à la mort avec lui, mais d’une façon moins spectaculaire, plus routinière. La grand-mère tuait la volaille du dimanche, l’aîné des oncles le lapin. La première coupait la langue de l’oiseau, une paire de ciseaux plongée jusqu’à la gorge. Le second frappait la nuque de l’animal du tranchant de sa main.
Le ressort de la férocité de l’enfant était sa naïveté, son ignorance, toutes deux connues des adultes qui ne l’avaient pas encore ou toujours pas informé de certaines règles qu’ils avaient, eux, si bien intégrées qu’ils ne pouvaient plus tuer qu’à certaines conditions.
Wandern tirait alors jouissance non du meurtre, du ver coupé à coups de bêche au pigeonneau étouffé dans l’étau de sa main, mais d’avoir été désigné pour le faire.
Il ne soupçonnait pas que ses partenaires ne pouvaient plus le faire et croyait qu’ils ne le pouvaient pas.
Je ne suis pas roux.
/gemlog/